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Des Chantiers de la charité à la Démarche de revitalisation des premiers quartiers : l’action communautaire contre la pauvreté et l’exclusion sociale à Trois-Rivières depuis 1960
En ce début du XXIe siècle, la pauvreté et l’exclusion sociale apparaissent de plus en plus comme des facteurs de risque pour le maintien de la cohésion sociale dans les pays de l’OCDE. Les pouvoirs publics, à la recherche de solutions durables à ces problèmes sociaux, font désormais davantage appel à la collaboration des forces vives de la société civile, y compris l’action communautaire, pour contrer l’érosion du lien social. Par cette étude de cas portant sur la ville de Trois-Rivières, nous voulons situer dans une perspective historique la contribution de l’action communautaire à la construction du lien social, du «vivre ensemble» dans le Québec du dernier demi-siècle.
L’objectif principal de la recherche est d’étudier l’action communautaire contre la pauvreté et l’exclusion sociale à Trois-Rivières depuis 1960, dans son émergence, ses formes et son évolution. Pour atteindre cet objectif principal, notre programme emprunte quatre voies complémentaires. 1) nous procédons à l’étude prosopographique des générations de personnes impliquées dans l’action communautaire; 2) nous reconstituons la configuration des réseaux des groupes engagés dans la lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale; 3) nous analysons l’évolution de la culture interne des groupes, en particulier sous le rapport de leur conception du lien social, du «vivre ensemble»; 4) nous identifions comment, et sur quels enjeux locaux, s’est engagée l’action communautaire.
L’originalité de cette recherche réside dans l’attention prioritaire que, sans négliger l’influence de l’État, nous accordons à l’héritage historique local de l’Église catholique et aux caractéristiques sociales de la ville dans notre analyse. Nous posons l’hypothèse que le poids très important de l’héritage diocésain et religieux à Trois-Rivières dans le champ de l’assistance et du bien-être a pu influencer, au début de la période d’observation, la configuration qu’y a prise l’action communautaire en émergence, et même y orienter durablement les principaux acteurs sociaux vers le soutien aux groupes de services communautaires et aux groupes de développement social davantage qu’aux groupes de changement social. Cette tangente pourrait avoir été encouragée, c’est une deuxième hypothèse, par l’évolution de Trois-Rivières elle-même, qui après avoir été une ville ouvrière prospère, a vécu un déclin industriel important et un appauvrissement marqué de certaines catégories de sa population. À son tour, cette tradition d’action qui s’est constituée depuis plus de quarante ans a peut-être favorisé, troisième hypothèse, la sensibilité du milieu envers le développement économique communautaire et le développement local intégré.
Par cette recherche, nous ambitionnons de faire ressortir les spécificités éventuelles de l’action communautaire en région, par rapport à son pendant dans les grands centres. Plus largement, nous espérons contribuer à la réflexion collective en cours concernant les places respectives qu’ont historiquement prises la société civile et l’État dans l’organisation de la solidarité sociale et la construction du lien social.
Dernière mise à jour : 3 septembre 2009 |